Cette année, on voit énormément de gens acheter leurs jeux vidéo en format numérique, tout comme la musique. Mais pour les films et les séries télés, la plupart d’entre nous avons encore une réticence à le faire. Pourquoi exactement ? Plusieurs raisons sans doute, qui varient d’une personne à l’autre, mais aussi probablement car les achats numériques peuvent être plus complexes qu’il n’y parait. À travers cet article, j’essaierai donc de faire le point sur ce sujet et de faire le tour de la question.
Média physique vs média numérique
Il existe plusieurs différences fondamentales entre le média physique et le média numérique, même si au final le contenu n’est que numérique. Autre que le disque que vous avez entre vos mains ou non, voici un résumé des avantages et inconvénients de chacun. Commençons par le Blu-Ray. Il a l’avantage d’être tangible, sûr et même monnayable si vous êtes du genre à revendre vos trucs après un certain moment. Le Blu-Ray nécessite évidemment un lecteur Blu-Ray pour être lu, appareil désormais disponible dans la plupart des foyers aujourd’hui et relativement abordable. Côté transportabilité, c’est un peu plus difficile. Par exemple, pour apporter un film en voyage, il faut soit prévoir un ordinateur portable muni d’un lecteur Blu-Ray (ce qui non seulement était déjà rare, mais l’est de plus en plus avec l’avènement des ultrabooks), ou effectuer une conversion numérique de votre média sur un ordinateur, pour ensuite prendre le fichier et le copier dans votre tablette numérique. Cette opération n’est pas facile à faire pour n’importe qui et même les gens techniquement compétents peuvent rencontrer des difficultés à le faire, notamment pour casser la protection numérique. Certains films offrent aussi une version numérique à télécharger mais, malheureusement, vous aurez rarement le choix du service où récupérer la version numérique et celle-ci sera rarement (voire jamais) en français. La version média numérique est tout à l’inverse du format physique. Elle est intangible, donc impossible à endommager, et il est impossible de la revendre, ou même de la donner ou prêter à une autre personne. Pour lire le média numérique, il faudra généralement utiliser un appareil compatible avec le service où le film a été acheté, ce qui est moins répandu dans nos foyers. Par contre, cette version offre certains avantages, comme par exemple l’écoute en flux continu à partir d’un navigateur web et peut-être même une portabilité plus simple pour le commun des mortels. Je reviendrai sur la portabilité selon les services que je présenterai un peu plus loin. Concernant le prix et la qualité vidéo, il est très difficile pour le commun du mortel à voir une différence notable entre le Blu-Ray et le média numérique, mais le Blu-Ray n’aura toutefois jamais de variation de qualité selon la vitesse de votre service Internet. Et si nos fournisseurs offrent aujourd’hui des vitesses décentes, nul n’est à l’abri d’une panne temporaire, ce qui peut vous empêcher de regarder un bon film au moment désiré. Pour résumer :
Blu-Ray
+     Média physique, donc peut-être prêté, donné ou vendu
+     Les lecteurs sont déjà bien répandus dans les foyers
+     Technologie simple pour la majorité des gens
+Â Â Â Â Â Universel
–     Peut être perdu, endommagé
–     Portabilité
–     Difficile à convertir pour lecture sur des appareils numériques
–     Achat moins « rapide » en magasin ou sur une boutique en ligne
Média numérique
+     Impossible à endommager
+     Plus simple à transporter (sur un appareil compatible)
+Â Â Â Â Â Lecteur en flux continu via Internet
+     Achat rapide et lecture instantanée
+     Certaines exclusivités de sortiesa en avance sur la sortie Blu-Ray
–     Impossible à vendre, donner ou prêter
–     Protections numériques qui limitent l’utilisation d’une plateforme à l’autre
–     Les appareils compatibles moins répandus
–Â Â Â Â Â Achat dans une langue unique
–Â Â Â Â Â Consommation Internet importante
Plusieurs services pour l’achat
Il existe énormément de plateformes disponibles pour le visionnement de vidéo en ligne, comme par exemple Netflix ou Crackle, mais je vais me concentrer sur trois services en particuliers que je considère assez stables dans le temps pour leur offrir notre confiance.
iTunes, par Apple
Lancé en 2003 d’abord pour la musique, puis en 2006 pour les films et les séries télé, iTunes est probablement le service le plus connu. Disponible sur tous les appareils signés Apple, il est relativement simple de faire l’achat d’un film et de le consommer rapidement sur un appareil mobile Apple, comme l’iPad, le iPhone ou l’iPod Touch. Sur PC ou Mac, suffit simplement de visiter notre bibliothèque iTunes pour pouvoir lire le contenu. Pour la télé, il faudra par contre se munir d’un appareil Apple TV pour l’écoute du contenu.
Contrairement à l’achat de musique sur iTunes, les films contiennent une protection numérique qui valide le propriétaire avant le début de la lecture. Il est donc impossible de simplement prendre un fichier téléchargé pour le prêter à un ami, le revendre ou le partager sur le web (ce qui est illégal au Canada, de toute manière). Enfin, bien qu’Apple soit le service jouissant de la meilleure réputation, il est le seul de ce comparatif à ne pas offrir la lecture en diffusion continue via le navigateur web de n’importe quel appareil : il faut absolument passer par un appareil ou un logiciel Apple pour le faire.
Xbox Video, par Microsoft
Si le service Xbox Video semble relativement jeune, en fait c’est plutôt qu’il a été renommé lors de la sortie de Windows 8. Auparavant, le service portait le nom de Zune Marketplace qui avait été lancé en 2006. Les bibliothèques des utilisateurs ont été automatiquement migrées vers Xbox Video lors du passage à la nouvelle plateforme. Xbox Video est disponible aussi sur une multitude de plateformes, notamment grâce à la possibilité de lire le contenu par un navigateur web (compatible avec un plugin Silverlight), donc sur PC ou Mac mais sans logiciel particulier. Sous Windows 8, Xbox Video est disponible sous la forme d’une application locale. Enfin, Xbox Video est aussi disponible pour Windows Phone, mais aucune autre plateforme mobile. Ni Android, ni iOS. Pour la télé, il faudra une Xbox 360 ou une Xbox One pour regarder votre contenu.
Comme iTunes, les fichiers Xbox Video sont aussi protégés par DRM (en anglais, Digital Rights Management), ce qui signifie qu’il est impossible de prendre un fichier téléchargé localement pour le prêter à un ami.
Google Play
Disponible depuis peu au Canada, le service Google Play offre aussi une belle sélection de contenu. Il s’agit toutefois du service le plus jeune des trois et, compte tenu de la tendance que Google peut avoir à changer ses plans rapidement, il est difficile de dire si ce service sera là encore là longtemps. Qu’à cela ne tienne, Google Play représente par contre la meilleure offre « multiplateforme » pour mobile, offrant son application à la fois pour iOS et Android, mais toutefois pas pour Windows Phone. Sur PC et Mac, aucune application : il faudra passer par le navigateur web pour les achats et la consommation du contenu. Pour la télé, il est simple d’y accéder avec un appareil externe comme le Chromecast, par exemple.
Comme les deux autres, le service Google Play a aussi une offre protégée par DRM.
Et le Sony Entertainment Network?
Mention honorable pour Sony qui offre un service de qualité certes, mais trop limité dans l’utilisation pour être réellement intéressant. Impossible de lire les vidéos en flux continu dans un navigateur web : il faudra donc passer obligatoirement par une console de jeu (PS4, PS3, PS Vita, PSP), un téléphone Sony Xperia ou une tablette Xperia. C’est donc un modèle qui ressemble à l’offre d’Apple, mais sans la partie disponible sur PC et Mac. Je ne recommande donc pas ce service pour l’instant, mais je réviserai lorsque celui-ci sera étendu à plus de plateformes.
Et alors, qu’est-ce que je choisis ?
Les réponses sont aussi nombreuses que les personnes présentes. La majorité des gens choisiront encore le Blu-Ray (ou le DVD) pour l’objet, le tangible et le concept universel de la chose. D’autres choisiront le média numérique pour l’achat et la consommation instantanés ou pour accéder à leur contenu partout, peu importe l’appareil en main. Pour ma part, je choisis une solution hybride : je magasine les prix, je regarde les spéciaux et je choisis au cas par cas. Et pour savoir quel service numérique choisir, encore là il y a plusieurs réponses. Règle générale, si vous êtes bien ancré dans un écosystème, il peut être plus simple d’acheter directement sur celui-ci. Par exemple, lorsque j’achète du contenu numérique, j’y vais avec Xbox Video car les appareils que je possède sont tous compatibles avec ce service. Même chose pour une personne qui possède un Mac, un iPad et un iPhone, cette personne trouvera plus simple d’acheter son contenu directement sur iTunes. Gardez simplement à l’esprit qu’il peut être complexe de passer d’un écosystème à l’autre et que vos achats sont sujets aux contrats d’utilisations de chacun des services. Enfin, pensez aussi à la bande passante : consommer un seul film en version numérique HD 1080P peut représenter entre 5 et 10 Go de téléchargement. Si votre fournisseur Internet limite votre bande passante, vous pourriez vous retrouver avec une facture salée !